
Immeuble de la Bourse CCI/ Marseille /// 2013
Installation monumentale
toiles imprimées /volumes polystyrène
Marseille 2013, capitale européenne de la culture


Anthropomorphisme de l'architecture
Il est dit que la maison est une représentation symbolique du soi, de notre psyché, comme de notre corps, celui que nous habitons. L’analogie est convaincante : le «ça» comme fondations, le «moi» en façade et le «surmoi»… à la cave ! Nous nous figurons avec un extérieur pour les autres et un intérieur auquel nous aurions seuls accès. Entre les deux, des cloisons à géométrie variable. Comment matérialiser la membrane si poreuse entre conscient et inconscient ? Quel matériau serait assez isolant pour nous prémunir du traumatisme refoulé ? Le bâti possède des limites que la psyché traverse. Car l’inconscient ne se limite pas aux trois dimensions si implacablement imposées par le soi-disant réel. Il n’aurait pas sa place «à la maison» ce qui semble absurde puisqu’il se nourrit dans les scènes d’enfance familiales. Combien de rêves se déroulant dans des enchainement de pièces, de souvenirs comme des infiltrations de salpêtre au travers de vieux murs humides ? Les différents étages de notre entité sont ainsi explorés, certaines pièces nouvelles apparaissant, d’autres relayées aux oubliettes. Ne dit-on pas d’une personnalité qu’elle s’échafaude ? Plus loin encore, il arrive qu’on ne laisse aux immeubles que leur façade dite «patrimoniale» et qu’on les vide entièrement de leur intérieur pour les reconstruire sans âme. On nomme celà le «façadisme». Devant l’épreuve du temps, dans leur immense majorité, bâtiments et êtres humains font presque jeu égal. La déliquescence des premiers souvent retardée par la volonté des seconds à les entretenir et les conserver. Serait-ce une partie de nous-mêmes qui meurt quand un bâtiment disparaît ? Pour preuve, les larmes que nous versons avec attendrissement quand une ruine perdure. L’architecture répond à un besoin dopaminé de l’être humain : se représenter. Il entre ainsi de plein pied dans une justification du réel, une preuve «taillée dans le marbre» de sa légitimité. L’architecture n’est pas créée par l’homme, elle participe à créer l’homme.Je propose une art-chitecture anthropomorphique qui nous corresponde. Fini la sévérité de nos parallélépipèdes défiant le temps censés nous projeter dans la postérité. Vivons un environnement en adéquation avec notre psyché. Créons des oeuvres pour que demain, un immeuble puisse tomber amoureux d’un autre.Pierre Delavie

